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EMPAYSAGER, Marie-Claude Drolet. Crédit photo: Mike Patten

MARIE-FAUVE BÉLANGER

MARIE-CLAUDE DROLET

KARINE LOCATELLI

EMPAYSAGER

du 12 janvier au 10 février 2024

Salle de la bibliothèque du Cégep de Sept-Îles

175 Rue de la Vérendrye,

Sept-Îles, QC G4R 5B7

Heures d'ouverture :

du lundi au jeudi : de 8h00 à 21h00

vendredi et samedi : de 8h00 à 17h00 

du 7 mars au 7 avril 2024

 L'Alternative

27, Place LaSalle

Baie-Comeau, QC G4Z 1J8

Heures d'ouverture :

du jeudi au dimanche de 10h00 à 16h00

À propos de EMPAYSAGER

Il est difficile de demeurer indifférent à la nature. Par l’ampleur de ses spectacles, de la variété de ses formes, de la perfection de ses détails et de ses échelles grandioses, elle est à l’origine d’émotions vives qui alternent entre crainte et admiration. Nos environnements et la multiplicité des phénomènes qui s’y manifestent ont de tout temps marqué les mémoires, attisé la curiosité et fait naître des inventions. En cela, la nature se révèle un élément déclencheur déterminant en recherche et source d’inspiration commune aux sciences comme aux arts.

 

À l’été 2022, les artistes Marie-Claude Drolet, Marie-Fauve Bélanger et Karine Locatelli partent à l’île d’Anticosti pour y effectuer ensemble une résidence de recherche et de création. Ce projet prend forme par une communauté d’intérêts que partagent les artistes. En plus des principes de collaboration et d’échanges qui leur sont chers, elles développent chacune des réflexions liées à la perception des paysages, aux caractères uniques des territoires de même qu’aux dimensions environnementales et écosystémiques des espaces naturels, lesquelles sont mobilisées dans la création de leurs œuvres. Cela dit, le choix de planifier une résidence de recherche va au-delà du constat d’intérêts apparentés. Dans ce projet, les 3 artistes anticipent que la déstabilisation induite par la découverte d’un nouveau territoire entraînera non seulement une curiosité exacerbée de l’espace alentour, mais qu’elle agira aussi comme une stratégie féconde pour l’imaginaire et la créativité. En parallèle, cette résidence représente une occasion unique de ralentir le temps, dans l’esprit nomade du voyage, de mettre en place des échanges approfondis et une complicité tant humaine qu’artistique.

 

Le choix du lieu n’est pas anodin. L’île d’Anticosti est un territoire immense caractérisé par une nature sauvage et peu altérée qui s’inscrit à la fois comme un espace propice aux envies d’aventures et aux fantasmes d’explorations, tout en étant un sujet de convoitise pour les industries minières et gazières. Pour les artistes, l’île se transforme en une aire de prospection remarquable, sise dans un milieu boréal qu’elles affectionnent tout particulièrement : ce territoire s’avère un contexte imparable d’observations – géologie, échelle des lieux, unicité des habitats, faune et flore, littoraux –, de cueillettes, de documentations et de création. À ce titre, la résidence de recherche constitue un temps et un espace générateurs d’images, réservoir à émotions et instaurateur de souvenirs. Pour chacune des artistes, l’ensemble des « données » colligées sur le terrain devient un matériau précieux aux différentes étapes des processus de création. Même si plusieurs déplacements se font en véhicule (dimension du territoire oblige), le rythme lent de la marche est privilégié de façon à favoriser l’observation et l’attention aux phénomènes subtiles qui ponctuent les lieux.

 

L’amorce d’un tel processus de création basé sur une méthodologie de terrain laisse présager des recherches teintées d’une géographie poétique et particulière à chacune des artistes. Ainsi, le choix du titre de l’exposition est évocateur. Le terme empaysager accentue la relation étroite qui s’établit entre les paysages vus, expérimentés et documentés en amont, à l’île d’Anticosti, et les œuvres créées a posteriori en atelier, qui en découlent. Pour préciser le sens du terme, le préfixe « EM » à l’avant du terme paysage veut évoquer, de façon claire, l'acquisition d'un état, d'une qualité nouvelle ou la création d'un nouvel espace » . Dans l’exposition, il s’agit donc d’entrevoir les œuvres comme une interprétation, une re-présentation, voire une traduction qui conjugue le sensible, l'imaginaire et le poétique des paysages et des territoires référentiels.

 

Influencées par la richesse des formes de la nature observée tout au long de la résidence, les œuvres réalisées par les artistes se présentent sous une variété d’aspects : dessins, photographies, sculptures, gravures, poésies. S’en dégage parfois une référence à la wilderness, vaste, majestueuse, panoramique et impérieuse, telle qu’Anticosti se livre à notre imaginaire. Ou encore une évocation des paradoxes que l’on y constate : entre la richesse écologique et l’aridité nordique du site; entre sa réalité sauvage et les indices furtifs de présences humaines; entre les traces éphémères du passage des animaux et les temps longs propres à l’histoire géologique, observable à la fois par les structures géomorphologiques et la trouvaille fortuite de quelques fossiles. Puis, une référence au petit « je-ne-sais-quoi » croisé dans le détour d’un chemin, à l’ordinaire observé; à la roche et à la branche d’épinette plutôt qu’au cap imposant et à la forêt insondable. C’est dire que les œuvres regroupées pour l’exposition Empaysager se révèlent comme autant d’échantillons d’espaces vécus et d’imaginaires géographiques, patiemment mises en œuvre, avec tendresse.

 

Texte : Eveline Boulva, artiste en arts visuels et commissaire.

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1 BOULVA, Eveline, Le paysage inventé : trajets, tracements, cartes et dessins. Thèse de doctorat, sous la direction de M. Bernard Paquet et la codirection de M. Guy Mercier, Université Laval, Québec (Québec), 2010.

À propos des artistes

 

La pratique artistique de Marie-Fauve Bélanger se développe à partir d’expériences sensibles établies avec la nature et par l’observation attentive de ses formes. Oscillant entre figuration et abstraction, ses œuvres s’apparentent à des fragments organiques et géologiques révélant la limite subtile entre paysage naturel et paysage transformé.

 

Originaire du Lac St-Charles, l’artiste vit et travaille dans Portneuf. Ses œuvres ont notamment été présentées en solo au centre d'artistes AdMare (îles-de-la-Madeleine), au centre d'exposition Raymond-Lasnier (Trois-Rivières) et dans diverses expositions collectives au Québec. En 2019, elle a représenté le Canada lors de la Biennale internationale en métiers d’art & création à Paris, et elle a reçu le Prix Émergence en métiers d’art, dans le cadre du Gala des prix d’excellence des arts et de la culture de la ville de Québec. Depuis 2021, quatre de ses projets ont été retenus dans le cadre du programme d’intégration des arts à l’architecture (1%) du Québec.

 

Graveure, sculpteure et dessinatrice, Marie-Claude Drolet structure sa pratique autour de voyages réalisés en milieux ruraux ainsi que dans le cadre de résidences de recherche/création. Elle s’inspire des écosystèmes observés et de la géomorphologie propre à ces territoires. La minutie de ses œuvres s’inscrit en réponse à la finesse et à la générosité des phénomènes contemplés dans la nature.

 

Marie-Claude Drolet est originaire de Chicoutimi et est établie dans la ville de Québec, où elle travaille. Ses œuvres ont été présentées lors de différents événements au niveau national et international (France, Suisse et Italie). Plus récemment, elle a participé à la 8e édition de la Foire en art actuel de Québec et exposé au Centre Engramme (Québec). Elle a réalisé plusieurs résidences de création, dont à Lunenburg en Nouvelle-Écosse et à l’Atelier Circulaire (Montréal). Elle enseigne au département de sculpture de la Maison des métiers d’art de Québec (Cégep Limoilou, Québec).

La pratique artistique de Karine Locatelli se caractérise par une réactualisation contemporaine de la tradition pleinairiste présente dans la région de Charlevoix ainsi que par une représentation paysagiste en dessin. Pour l’artiste, dessiner sur le motif constitue une étape initiale essentielle à son processus de création en lui permettant de saisir un moment unique et développer un rapport affectif avec son environnement. Aux dessins qu’elle réalise s’associe un caractère multidisciplinaire : installation, sculpture, céramique, broderie, peinture font partie de son langage plastique.

 

Native de Lévis, Karine Locatelli demeure dans la région de Charlevoix. Elle a réalisé plus d’une trentaine d’expositions collectives ou solos, résidences de création au Canada, au Portugal et en France. Ses œuvres se retrouvent dans des collections publiques et privées dont celle du Musée d'art contemporain de Baie-Saint-Paul, la Fondation David Suzuki, la ville de Lévis, la Banque TD de Toronto et Hydro-Québec.

Textes : Eveline Boulva, artiste en arts visuels et commissaire.

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